Texte de Christiane Laforge


lu à la présentation de Marjolaine Bouchard


au Gala de l'Ordre du Bleuet, le 14 juin 2019


« Je serai "écriveuse" de livres » déclare sans équivoque une petite Marjolaine Bouchard de 7 ans, puisant dans les mots la source de son plaisir. Cette « fée-rivière », ainsi qu’elle se désigne, a dû jaillir des profondeurs des eaux du fjord bordant les rives de Grande-Baie le 11 novembre 1958, si bien nommé Jour du Souvenir, pour maîtriser à ce point le sens de la mémoire et l’art du conte. Ses écrits témoignent d’un sens aigu de la compréhension des époques évoquées. Du personnage le plus humble au plus célèbre, elle capte l’authenticité du geste, du climat social et de l’esprit. Un don nourri à sa propre enfance, dans une famille modeste passionnée de lecture, de musique et de plein air.


Dans une entrevue filmée par La vitrine culturelle Saguenay, on l’entend dire :


« Ce que nous sommes vient d’un passé qui nous a colorés, qui nous a sculptés. Écrire, c’est voir le monde autrement, aller plus profondément, regarder avec un angle différent pour toucher le lecteur avec une puissance d’évocation. C’est aussi un devoir de mémoire. Avec la littérature on peut rafraîchir, revisiter notre histoire. On peut comprendre mieux qui on est, d’où on vient. »


Son père, Claude, incarne la polyvalence : chanteur de cabaret, gérant de caisse populaire, vendeur d’automobiles, agent agricole au ministère de l’Agriculture pour se retrouver agriculteur, éleveur de vaches canadiennes, ébéniste, passionné de musique, de chansons et de lecture. Excellent conteur, il agrémente les soirées par des histoires et « menteries ahurissantes ». Sa mère, Lucie, amoureuse des mots, enseignante en français et toujours grande lectrice à 90 ans, a secondé son mari afin que leur fils et leurs six filles fassent des études universitaires.


En 1964, la famille s’installe à Laterrière. Marjolaine y écrit ses premiers contes et réalise de petits albums faits maison avec papier et colle. Mais son amour des mots rivalise avec d’autres passions : l’écologie, la mycologie, l’ornithologie, l’horticulture, le chant, l’ébénisterie. Elle opte pour un diplôme d’études collégiales en technique du milieu naturel au Cégep de Saint-Félicien, complété en 1978 par une formation en écologie et géographie à l’Université du Québec à Chicoutimi. La rareté des emplois dans ce domaine l’incite à parfaire ses connaissances du français lui permettant d’occuper des postes en secrétariat à Chicoutimi, Québec et Jonquière.


Passent les années. Mère de trois enfants, Émilie, François et Florence Jean, Mme Bouchard occupe un poste permanent au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec. Derrière la rédactrice de textes administratifs, l’écrivaine se fait discrète. Elle observe l’éveil artistique de ses enfants, chacun dans leur domaine, que ce soit dessin, peinture, écriture, musique, chant, théâtre, improvisation et ressent un mal-être dans son travail. Elle ne se sent pas à sa place. Sa créativité s’ennuie à mettre son esprit et son clavier au service des comptes rendus de réunions et des formulaires. De sa révolte naît un roman jeunesse : Entre l’arbre et le roc.


Non seulement elle remporte le prix de la Plume saguenéenne, assorti d’une publication aux Éditions JCL, mais entre de plain-pied dans une carrière littéraire prolifique, récompensée par plusieurs premiers prix.


Ses romans pour la jeunesse enfantent une conférencière et animatrice très demandée dans les écoles, les bibliothèques publiques et les Salons du livre. Membre de l’Association professionnelle des écrivains de la Sagamie et de l’Union des écrivains, Marjolaine Bouchard sait que derrière un sommet, il en existe un autre plus haut. Loin de se satisfaire de son succès, elle poursuit sa quête du meilleur texte. En 2002, elle complète un baccalauréat en littérature française à l’Université du Québec à Chicoutimi. L’année suivante, elle obtient deux bourses pour projets de maîtrise en création littéraire, l’une décernée par les professeurs de littérature de l’UQAC, l’autre par Le Fonds de recherche du Québec — Société et culture pour un projet portant sur le héros masculin en littérature pour la jeunesse et complète avec succès sa maîtrise. Depuis, elle ne cesse de suivre des ateliers littéraires, notamment le Camp littéraire Félix dirigé par Yvon Paré. Sans compter la complicité de Patrick Guay, professeur de français à la retraite, pigiste littéraire et chercheur en littérature, son conjoint depuis 15 ans qui l’accompagne dans l’écriture de ses textes.


En 2011, avec L’Échappée des petites maisons, de sa résidence bordée par la rivière du Moulin, Marjolaine commet son premier ouvrage pour adultes. Ce roman titille la fibre de romans historiques des Éditeurs réunis qui, dans la continuité du livre jeunesse sur Alexis le Trotteur, Le cheval du Nord, convainquent l’écrivaine de reprendre les rênes au bénéfice des adultes. Alexis le Trotteur ou les trois mourures du Cheval du Nord emporte Marjolaine vers d’autres personnages : Le géant Beaupré, Lili St-Cyr, la fleur des effeuilleuses, Madame de Lorimier, un fantôme et son ombre, prix du meilleur roman du Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean en 2016. Suit une trilogie sur la vie au pensionnat, Les portes du couvent et, par la suite, un roman sur la vie des femmes au temps de la guerre avec Les belles fermières. Loin de s’essouffler, cette plume saguenéenne revient galvanisée du dernier Salon du livre de la région, qui lui a décerné son prestigieux prix Distinction littéraire 2018.


Artisane à ses heures, maraichères à d’autres, exploratrice de son territoire à pied, en ski, en raquettes, en canot, son amour de la littéraire va au-delà de ses mots. De 2008 à 2013, membre du Conseil d’administration du Salon du Livre du Saguenay‑Lac-Saint-Jean, membre du comité Jeunesse et du jury Jeunes auteurs à vos crayons !, elle poursuit son engagement comme présidente de l’APES. En fait, depuis plus de 20 ans, Mme Bouchard contribue au rayonnement de la littérature de sa région natale. Elle dit :


« Je suis une infatigable défenseure de la richesse des livres et, tout comme l’Association professionnelle des écrivains de la Sagamie, omniprésente devant, derrière et dans la forêt. Mais sans tous ces gens d’ici, je n’y arriverais pas. Ici, je trouve des provisions, la bonne direction et, surtout, des gens de passion. »


Le 14 juin 2019


Marjolaine Bouchard

Écrivaine, pour la qualité exceptionnelle de ses écrits

et sa contribution au rayonnement de notre littérature

fut reçue

Membre de l’Ordre du Bleuet



vendredi 29 novembre 2019

Marjolaine Bouchard sur vidéo au Gala 2019 de l'Ordre du Bleuet

Quelques minutes pour se souvenir
d'une personne d'exception 

MARJOLAINE BOUCHARD




Membre de l'Ordre du Bleuet,

le 14 juin 2019
Marjolaine Bouchard
a reçu son certificat d'honneur des mains de Danielle Dubé, partageant ce parrainage avec Yvon Paré,  tous deux Membres de l'Ordre du Bleuet 


Texte : Christiane Laforge
Lecteur : Patrice Leblanc
Technicien du son : Gilles Chamberland
Metteur en lecture : Daniel Jean
Montage du diaporama : Ariel Laforge


Avec la collaboration de Radio-Canada pour l'enregistrement de la narration.


Marjolaine Bouchard et Danielle Dubé





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POURQUOI L'ORDRE DU BLEUET

L'intensité et la qualité de la vie culturelle et artistique au Saguenay-Lac-Saint-Jean est reconnue bien au-delà de nos frontières. Nos artistes, par leur talent, sont devenus les ambassadeurs d'une terre féconde où cohabitent avec succès toutes les disciplines artistiques. Cet extraordinaire héritage nous le devons à de nombreuses personnes qui ont contribué à l'éclosion, à la formation et au rayonnement de nos artistes et créateurs. La Société de l'Ordre du Bleuet a été fondée pour leurs rendre hommage.La grandeur d'une société se mesure par la diversité et la qualité de ses institutions culturelles. Mais et surtout par sa volonté à reconnaître l'excellence du parcours de ceux et celles qui en sont issus.